Bienvenue chez Globalcom
Publié le 9 janvier 2007Par Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE (Organisation de coopération et de développe- ment économiques)
Sans jouer les George Orwell, imaginons l’avenir. Dans le Rapport annuel 2015 de la société multinationale “Globalcom Inc.”, les chapitres les plus intéressants ne concernent pas les chiffres. Mais ceux qui décrivent les politiques d’embauche, de rémunération et de fidélisation du personnel, la stratégie de recherche et développement, et la gestion des brevets, licences et autres atouts logistiques, juridiques et intellectuels.
Grâce aux efforts de l’OCDE pour sensibiliser les investisseurs à l’importance des facteurs non financiers dans la réussite des entreprises, le monde financier est plus attentif à ce sujet que par le passé. Les analystes passeront ainsi à la loupe les affirmations de Globalcom sur ses nouvelles méthodes de stockage de données et sur ses systèmes pointus d’évaluation de la performance des cadres. Ils analyseront ligne par ligne la liste des licences, en prêtant une attention particulière aux couvertures géographiques et aux dates d’échéance.
Depuis le krach provoqué en 2015 par l’effondrement des cours de “Biggroup NV”, dû à la surévaluation des “actifs intellectuels” révélée par la fuite de son Directeur intellectuel au paradis fiscal antarctique de “Deception Island”, les investisseurs sont devenus frileux. Dans un contexte où les budgets publics ne financent plus qu’une petite partie des retraites, les citoyens savent que c’est à eux de faire de bons choix pour l’argent qu’ils ont mis de côté pour leurs vieux jours.
Là aussi, l’OCDE prêche pour que chacun se responsabilise, dans un monde où les familles de cinq générations ne sont plus rares. Et insiste auprès des gouvernements sur l’importance pour tous d’un niveau minimum d’éducation financière. Grâce aux cours de soir fournis gratuitement dans les grandes villes, les citoyens savent les risques qu’ils encourent en investissant leur argent dans les actions.
Dans un monde ouvert au commerce international, les comptes financiers de sociétés bien gérées comme Globalcom sont florissants. L’environnement juridique, social et intellectuel dans lequel des sociétés comme Globalcom opèrent est désor- mais un critère prééminent.
Cependant, comment évaluer les informations fournies par une direction rodée à donner à son entreprise la meilleure image possible ?
Heureusement, les sociétés d’audit ont pris les choses en main. A la suite de recommandations de l’OCDE, les autorités réglementaires des 97 pays faisant partie de son Comité de l’Investissement ont défini des standards de qualité pour l’informa- tion non financière et émis des instructions sur la façon dont les sociétés doivent en rendre compte.
Non pas qu’une nouvelle fraude de la taille de Biggroup soit impensable. Mais grâce à de nouveaux garde-fous, le monde financier est plus à l’abri qu’en 2001, lorsque l’affaire Enron a éclaté. Au-delà des chiffres, les analystes financiers ont appris à analyser toute sorte d’éléments extra- financiers, au point de devenir de véritables experts sur tout ce qui a trait, de près ou de loin, à l’activité des entreprises.