Petit-déjeuner avec Jean-Pierre Jouyet, Directeur général du groupe Caisse des dépôts
Publié le 20 novembre 2013Le mardi 19 novembre 2013 , nous avons eu le plaisir d’accueillir Jean-Pierre Jouyet, Directeur général du groupe Caisse des dépôts, sur le thème « Les grands axes stratégiques et les nouvelles priorités de la Caisse des Dépôts »
– Une priorité, l’aide aux entreprises avec la toute jeune Bpifrance et un nouvel axe stratégique, le numérique
– Un constat : la Caisse des Dépôts n’a plus les « poches aussi profondes » qu’avant
– Une volonté : ne pas laisser à Londres le monopole de l’attraction des capitaux étrangers
Quelques jours après les avoir dévoilées devant quelque 3500 cadres du groupe, le Directeur Général de la Caisse des Dépôts a précisé, devant l’Ajef, les grands axes stratégiques et les nouvelles priorités d’une institution qu’il entend moderniser et rendre plus « cohérente ». Un réel défi tant ses missions sont multiples, en France mais aussi à l’international, qui représente 45% de son activité. Présent dans le capital de leaders comme Transdev pour les transports publics ou Axa dans l’assurance, la Caisse des Dépôts « gère 1 retraite sur 5 » ainsi que…les dépôts des notaires à un taux fixé à 1% depuis la fin du XIXe, ce qui lui rapporte encore 25 milliards d’euros par an.
Pour « s’adapter aux défis actuels », Jean-Pierre Jouyet entend donner la priorité à l’aide aux entreprises. La filiale de la Caisse des Dépôts, la Bpifrance, toute jeune banque publique d’investissement puisqu’elle n’a que 6 mois, constitue un « nouvel outil » d’importance avec ses 20 milliards d’euros de fonds propres. Autre priorité, la transition écologique et énergétique. Sur ce terrain, le directeur général veut regrouper des éléments d’intervention autour de trois pôles, le fonds de rénovation thermique pour le logement privé, le soutien de projets de collectivités locales à hauteur de 20 milliards entre 2013 et 2017 et l’aide aux régions pour leur politique de mix énergétique. Dernier grand axe, le logement, social et intermédiaire. « Il faut construire des parcours résidentiels » avec des compléments de revenus pour les personnes âgées et des taux viagers intermédiaires pour les plus jeunes, bref, permettre aux « Tatie Danielle de financer l’accès au logement des jeunes générations ». Et parmi les nouveaux axes définis par le directeur général, figure le numérique, les infrastructures d’entrée au haut débit et tous les marchés sécurisés.
Un vaste programme qui n’exclut pas des dossiers plus traditionnels pour l’avenir économique du pays comme les infrastructures et le transport urbain mais aussi le tourisme. Pour Jean-Pierre Jouyet, on a tort de croire que le tourisme est une « rente ». Et de critiquer l’absence de politique cohérente en ce domaine : leader touristique mondial, la France n’est qu’en troisième position en chiffre d’affaires car, de plus en plus souvent, les étrangers « ne font que passer pour se rendre en Italie, en Espagne, voire en Allemagne ».
Autant de défis à relever dans un contexte de « moindre fonds propres et de structure de bilan plus rigide » notamment après la faillite de Dexia qui a coûté 4,5 milliards d’euros à la Caisse des Dépôts. Une façon de rappeler à la puissance publique que l’institution n’a plus les « poches aussi profondes » qu’avant. Mais il n’est pas question pour Jean-Pierre Jouyet de laisser à Londres « le monopole de l’attrait des capitaux étrangers » afin de financer ces multiples priorités. Outre la coopération avec la Banque Européenne d’Investissements, la 6eme institution financière du monde entend notamment élargir ses liens avec des fonds souverains, russe, chinois, koweïti, et demain, norvégien ou turc.