1973-1980 Entre deux chocs
Publié le 9 janvier 2007Texte issu de la brochure du cinquantenaire de l’AJEF.
Le choc pétrolier de 1973 rappelle à la France qu’elle ne s’est pas seulement ouverte sur l’Europe, mais qu’elle est désormais sensible, et vulnérable, aux grands événements planétaires. L’autre point de départ de ce qu’on appellera pendant des années “la crise” est l’abandon, au début de cette même année, des parités fixes entre les monnaies.
La France connaît en 1973 sa première récession depuis la guerre. Entre le ralentissement de la croissance et la persistance de l’inflation – on invente le mot “stagflation” –, le pouvoir hésite: plan de refroidissement de 1973-1974, relance Chirac en 1975, qui provoque un plongeon de la balance commerciale et une nouvelle dépréciation du franc, plan de rigueur de Raymond Barre en 1976. Le nombre des chômeurs dépasse en 1975 la barre du million. En 1979, Jean Fourastié publie un livre dont le titre fera fortune et qui montre aux Français que les belles années sont derrière eux : Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible.
Pour atténuer la vulnérabilité énergétique de la France, Valéry Giscard d’Estaing confirme et poursuit le programme nucléaire lancé à la fin du mandat de Georges Pompidou. On panse les plaies des secteurs industriels malades : création du Ciasi en 1974, plan sidérurgie en 1978. Mais la période giscardienne marque aussi des avancées pour l’Europe : institution en 1974 du Conseil européen, élection du Parlement européen au suffrage universel direct à partir de 1979, entrée en vigueur la même année du Système monétaire européen.
Dans la presse, se multiplient les débats et les grands dossiers économiques. Les journaux renforcent leurs équipes de correspondants à l’étranger, et suivent les grands basculements mondiaux : l’ouverture de la Chine par Deng Xiaoping, le nouveau souffle libéral en Occident avec l’accession au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979 et de Ronald Reagan en 1980, la révolution iranienne qui provoquera le deuxième choc pétrolier, les premiers ébranlements du communisme à l’Est avec la résistance de Solidarnosc en Pologne.
La presse économique se spécialise davantage en fonction des cibles visées. Elle s’intéresse particulièrement aux cadres, catégorie en peine expansion, développant à leur intention les rubriques de services et de conseil (consommation, loisirs, placements…). Mais l’opacité croissante de la sphère des décideurs économiques reste un sujet de préoccupation. En 1980, le Livre blanc de l’Ajef détaille les problèmes rencontrés par le journaliste face à son journal, à l’appareil d’Etat, aux entreprises et à ses propres engagements.