Petit-déjeuner avec Philippe de Fontaine-Vive, vice-Président de la Banque Européenne d’Investissement
Publié le 30 mai 2012Le mardi 29 mai 2012, nous avons eu le plaisir d’accueillir Philippe de Fontaine-Vive, vice-Président de la Banque Européenne d’Investissement, sur le thème « La BEI au coeur de la stratégie de croissance de l’Union Européenne »
Une augmentation de capital de la BEI de 10 milliards d’euros permettrait de prêter 60 milliards
Une augmentation de 10 milliards d’euros du capital de la Banque européenne d’investissement (BEI), à l’étude, permettrait au bras financier de l’Union Européenne de prêter 60 milliards sur trois ans, a déclaré son vice-président, Philippe de Fontaine Vive, à l’issue d’une rencontre avec l’Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).
« Aujourd’hui les actionnaires de la BEI (c’est-à-dire les 27 Etats membres de l’Union, NDLR), la Commission européenne et le Parlement européen examinent la possibilité d’une augmentation du capital de 10 milliards d’euros, qui est le chiffre qui semble leur convenir et que donc nous prenons comme base de travail », a-t-il expliqué.
« Si les actionnaires de la BEI, d’ici la fin 2012, venaient à décider à l’unanimité une augmentation de capital de 10 milliards d’euros, ceci permettrait grâce à notre effet de levier de prêter sur les trois années à venir 60 milliards d’euros », a-t-il ajouté.
Le Français a précisé que la BEI finance, en moyenne, un tiers du montant global des projets auxquels elle participe. Du coup, « avec ces 10 milliards », elle pourrait participer au financement de projets d’investissements dans l’Union Européenne d’un montant global de 180 milliards.
La BEI, notamment par le biais d’une augmentation de capital, est au coeur des discussions européennes sur les moyens de relancer la croissance. Le principe de son utilisation est poussé par Bruxelles et Paris, et ne semble pas rencontrer d’obstacle particulier.
Selon Philippe de Fontaine Vive, des demandes de financement sont en souffrance en l’attente de cette augmentation de capital. Il a affirmé que, si elle avait lieu, « des projets pourraient être financés dès cette année ou l’année prochaine ». En France, cela pourrait concerner des secteurs qui connaissent actuellement « une carence de financements », « comme les collectivités locales, les universités, la recherche, les PME ».
Dans les pays sous assistance financière internationale (Grèce, Portugal et Irlande), où les investissements sont particulièrement risqués, la BEI souhaite également « utiliser les fonds structurels » européens, a expliqué son vice-président.
Ces fonds structurels, issus du budget de l’UE, doivent bénéficier de cofinancements pour être débloqués, faut de quoi ils restent inutilisés.
Philippe de Fontaine Vive a pris l’exemple de la Grèce, où la BEI « va utiliser un milliard de fonds structurels pour garantir des prêts aux PME ». « Nous pourrions développer ce mécanisme si la Commission européenne et les Etats membres en sont d’accord », a-t-il assuré.
L’augmentation de capital serait réalisée par les Vingt-Sept suivant leur richesse relative par rapport à la richesse européenne, sachant que la participation des quatre pays les plus riches (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni) ne peut dépasser 17% du total. Pour la France, la participation serait donc de 1,7 milliard d’euros.
Cette opération « viendrait encore conforter » le « AAA » dont bénéficie la BEI auprès des trois agences internationales de notation, a insisté son vice-président.