Petit-déjeuner avec Michel Sapin, secrétaire national à l’économie du PS
Publié le 15 mars 2012Le mercredi 14 mars 2012, nous avons eu le plaisir d’accueillir Michel Sapin, secrétaire national à l’économie du PS
. La tranche d’imposition à 75% peut rapporter 200 à 250 millions d’euros
. Il faut un rétablissement équitable des finances publiques
. Aucun pays européen ne peut respecter la « règle d’or » sans croissance
Interrogé d’entrée de jeu sur l’une des mesures phares du programme fiscal de François Hollande, à savoir l’instauration d’une nouvelle tranche d’imposition au-delà de 1 million d’euros de revenus annuels, le responsable du projet socialiste a d’abord expliqué qu’il ne s’agissait pas là d’une proposition fiscale proprement dite mais d’un élément-clé de cohésion sociale, par exemple au regard de l’augmentation de 34% des salaires des grands patrons du CAC 40 constatée en 2010. Un effort « exceptionnel durable » qui devrait rapporter quelque 200 à 250 millions d’euros annuels, a indiqué Michel Sapin, récusant toute idée d’impôt « confiscatoire » en cas d’éventuel recours devant le Conseil constitutionnel. Il a confirmé par ailleurs le « rapprochement » de l’impôt sur le revenu et de la CSG, une façon de « mettre plus de CSG » dans un système fiscal qu’il juge déséquilibré.
Considérant que, conformément aux engagements de François Hollande, le rétablissement « équitable » des finances publiques constitue une des principales obligations de la future équipe en place, M. Sapin a relevé « qu’aucun candidat ne proposait réellement de baisses, en valeur absolue, de ces dépenses publiques ».
Pour sa part, il confirme l’objectif d’une progression limitée à 1% par an (contre 0,5%) pour le candidat sortant. Toutefois, a-t-il ajouté, « aucun pays européen ne peut véritablement respecter la fameuse règle d’or sans un minimum de croissance ». C’est pour cette raison que le candidat socialiste a annoncé qu’il demanderait la renégociation en ce sens du Traité européen signé à Bruxelles par 25 pays sur 27.
Le temps est venu du « retour d’une véritable politique industrielle » en France et en Europe et de comprendre que « la seule politique de la concurrence, c’est bien fini », a ajouté Michel Sapin qui, sous l’autorité de trois premiers ministres socialistes (successivement Michel Rocard, Pierre Bérégovoy et Lionel Jospin) a occupé plusieurs fonctions ministérielles, dont celles de ministre de l’Economie et des Finances, en 1992-1993, lorsque la France et l’Europe connaissaient, déjà, une grave crise économique.