Les voeux du président de l’Ajef, Serge Marti, au ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron
Publié le 31 janvier 2016Bercy, le vendredi 29 janvier 2016
Bonjour à tous,
Merci de participer à cette cérémonie des vœux à la presse, organisée sous l’égide de monsieur Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique.
Bonjour monsieur le Ministre,
Merci de me permettre, au nom de l’Association des Journalistes Economiques et Financiers, l’Ajef, et comme le veut la coutume depuis de nombreuses années, de dire quelques mots à l’attention de mes consœurs et confrères, que je remercie pour leur présence, mais aussi à vous, monsieur le ministre, ainsi qu’à vos proches collaborateurs et à tous les personnels de Bercy.
Lorsque nous nous sommes retrouvés ici même, en janvier 2015, c’était au lendemain ou presque de la tragédie de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.
Qui aurait pu penser qu’un an plus tard, il nous faudrait évoquer une épouvantable réplique, celle des attentats du 13 novembre au Bataclan et aux terrasses de cafés qui ont, une nouvelle fois, plongé la France dans la sidération.
Dans ses vœux à la Nation, le président de la République a appelé à la résistance, sans concessions, à l’union du peuple français.
Décrétant l’état d’urgence, lequel devrait d’ailleurs être prolongé fin février, le chef de l’Etat a aussi appelé à un autre état d’urgence, économique cette fois, avec le lancement de plusieurs chantiers ambitieux. Tant il est vrai que ces dramatiques évènements sont survenus au moment où le pays s’inscrit encore dans un contexte de croissance interne trop faible et une courbe du chômage qui ne s’inverse toujours pas, en juger par les chiffres du mois de décembre.
Cet appel, vous est directement adressé, monsieur le ministre et nous allons écouter avec attention les réponses et mesures que vous voulez mettre en œuvre pour y répondre. Vous étiez à Davos avant de vous rendre en Russie. Vous avez noté la sombre prédiction d’une croissance mondiale « décevante et inégale » si l’on en croit la directrice générale du FMI, sur fond de pays émergents, désormais immergés, et d’un pétrole dont on se demande s’il ne va pas devenir bientôt gratuit !
Dans cet environnement préoccupant, qu’en est-il pour la France ? En début de semaine, à l’occasion des traditionnels petit-déjeuners de l’Ajef, nous avons reçu Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques. Tout en estimant que le pays « va dans la bonne direction », ce sont ses termes, il a regretté que ses efforts structurels ne soient pas assez soutenus. Il a aussi indiqué qu’il n’y aurait pas de délai supplémentaire au regard des engagements de la France en matière de déficit public.
Vous vous êtes déjà exprimé sur ces sujets ou tout au moins sur certains de leurs aspects économiques mais aussi sociaux – les suites possibles de la « loi dite Macron », la question des 35 heures et du code du travail, le rôle dévolu aux entrepreneurs, j’ajouterais, pour rester dans l’actualité, le monopole de certaines professions, à savoir celle des taxis – avec, à chaque fois, il faut bien le reconnaître, des réactions plus ou moins vives.
C’est donc un effort permanent d’explication qui vous est demandé, pour se détacher des petites phrases, toujours trop courtes, parfois trop binaires, avec le risque d’être mal interprétées. Ce travail de pédagogie avec un peu plus de place laissé au temps long, c’est celui que nous vous avons offert l’année dernière, à la même époque, en vous invitant à intervenir devant les journalistes de l’Ajef. Pour des raisons liées à une activité parlementaire chronophage et à d’autres obligations bien compréhensibles au regard des nombreux dossiers dont vous avez la charge, vous n’avez pas pu y répondre jusqu’à présent.
Vous me permettrez de vous dire que ce qui était hier un vœu de début d’année laisse la place aujourd’hui à une demande plus ferme que nous vous adressons en renouvelant notre invitation à venir vous exprimer, le temps qu’il faudra, devant les journalistes économiques et financiers .
Profitant de l’occasion, nous vous donnons également rendez-vous, dès à présent, pour le 60ème anniversaire de l’Ajef, que nous allons célébrer à l’automne prochain et auquel nous souhaitons bien sûr votre présence.
Durant toutes ces longues années d’existence de cette association qui regroupe à présent une bonne centaine de journalistes spécialisés, tous médias confondus, nous n’avons pas dévié de notre mission : aider nos adhérents à fournir à leurs publics, la meilleure information possible, pluraliste, indépendante et de qualité.
D’où les ateliers que nous avons mis en place ici même, à Bercy et à l’OCDE, à destination des journalistes. Le dernier « atelier de Bercy » s’est tenu le 19 janvier autour de Bruno Dalles, le directeur de TRACFIN sur la criminalité financière et le financement du terrorisme, sujet hautement d’actualité.
D’où également des activités dédiées, cette fois, au grand public, gratuites et ouvertes à tous, à savoir les Amphis de l’Ajef qui ont lieu, chaque mois, en soirée, au Lycée Louis le Grand et dont le cycle 2015-2016 se déroule autour d’un thème qui intéresse tous les Français : « le temps de travail et les nouveaux modes de son organisation ».
Des informations que vous retrouverez sur notre site internet Ajef.net que nous avons récemment modernisé.
Enfin, à propos d’information de qualité, pluraliste et indépendante, des notions qui vont de pair, je voudrais souligner l’attention que nous accordons aux bonnes pratiques journalistiques mais aussi à celles qui seraient susceptibles de sérieusement les entraver.
C’est là le sens de l’action énergique que nous avons déployée pendant plusieurs mois pour faire obstacle à la volonté de certains parlementaires, français et européens, relayant les intentions peu louables de plusieurs lobbies industriels, de ne pas exclure nommément les journalistes de la directive européenne relative au « secret des affaires », inspirée du fameux « secret défense », avec les conséquences judiciaires et pénales que cela aurait impliqué pour les professionnels de l’information.
Un sujet sur lequel nous vous avions interpellé, Monsieur le Ministre, ici même, en janvier 2015, au moment des vœux à la presse et auquel vous avez répondu rapidement et avec efficacité, le jour même. Je tiens à le souligner et à vous en remercier, au nom de la profession.
Cette mobilisation, à vocation démocratique et non pas corporatiste, a permis d’éviter le pire, à en juger par le texte qui devrait être définitivement adopté au printemps de cette année par le Parlement européen, lequel ne fait plus référence aux conditions de l’exercice « légitime de liberté d’information », conformément à notre exigence.
De plus, il offre un début de protection aux lanceurs d’alerte dont les actions ne seraient plus condamnables dès lors qu’elles « agissent dans le but de protéger l’intérêt public général ».
C’est sur cette note d’actualité réconfortante quant à l’efficacité de notre action collective que je conclurai mon propos.
En vous souhaitant, monsieur le Ministre, ainsi qu’à vos proches, à tous les personnels de Bercy, y compris bien sûr aux équipes du SIRCOM et notamment de son service de presse avec lequel nous travaillons régulièrement, avec un mot particulier, vous le comprendrez, à l’adresse de mes consœurs et confrères journalistes que je remercie pour leur présence et leur fidélité, en vous souhaitant donc à tous une très, très bonne année 2016, en tout cas, beaucoup, beaucoup plus douce que la précédente.
Merci à tous.
Serge Marti, président de l’Ajef