Petit-déjeuner avec Henri Proglio, PDG d’EDF
Publié le 5 avril 2012Le mercredi 4 avril 2012 , nous avons eu le plaisir d’accueillir Henri Proglio, PDG d’EDF, sur le thème « EDF face aux nouveaux enjeux énergétiques mondiaux »
. La part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est appelée à augmenter
. Le retrait des allemands EON et RWE du nucléaire britannique était « totalement prévisible »
. EDF doit se préparer à une « mutation culturelle »
En dépit du « doute » né de la catastrophe de Fukushima, « on ne peut parler d’abandon du nucléaire dans le monde » a souligné Henri Proglio. Compte tenu du renchérissement inévitable de l’énergie primaire (pétrole et gaz) et en dépit de l’importance croissante des énergies renouvelables, sa part dans la production électrique mondiale devrait passer de 12-13% aujourd’hui à 20-25% dans 15ans. Et des Etats-Unis à l’Afrique du Sud, de la Chine à la Russie, des Pays-Bas au Chili, le choix nucléaire se conforte. C’est aussi le cas de la Grande Bretagne dont la politique est marquée du sceau de la « continuité » et où le nucléaire « ne fait pas polémique » dans la mesure où il participe à la quête de relais au pétrole de la Mer du Nord, en cours d’épuisement.
En revanche, l’Allemagne ayant décidé d’abandonner le nucléaire d’ici à 2022, le retrait annoncé des groupes allemands Eon et RWE des projets de construction de réacteurs nucléaires au Royaume Uni « était totalement prévisible ». EDF pour sa part poursuit ses projets liés à la construction de quatre EPR Outre Manche, a confirmé Henri Proglio. Les discussions avec les pouvoirs publics britanniques sur « le schéma contractuel » de ces projets « devrait être achevé à la fin de l’année ». Un tel schéma doit prévoir qu’EDF obtiendrait une compensation s’il vend l’électricité produite par les nouveaux réacteurs en dessous d’un prix convenu et reverserait le surplus si, à l’inverse, il la commercialisait à un prix plus élevé.
Bien décidé à rester leader dans le nucléaire et à être un « vecteur d’exportation pour l’industrie française », le PDG d’EDF entend multiplier les partenariats. Mais il souligne que de tels partenariats incluront forcément des Chinois en Amérique Latine comme en Afrique, compte tenu de la présence croissante de la Chine dans ces régions
Interrogé sur la reprise de Photowatt, le PDG d’Edf a reconnu ne pas « y être allé » par « enthousiasme » mais avoir posé des conditions qui vont dans le sens de l’intérêt du groupe. A son avis, « un autre gouvernement aurait pris la même décision » et le reclassement de 85 emplois n’était pas insurmontable. « L’important est que cette expérience réussisse ».
Quant aux priorités de Henri Proglio pour les années à venir, elles portent sur l’équation tarifaire en France, les « énormes investissements » à réaliser pour développer les énergies alternatives, étant entendu que le surcoût du nucléaire du au renforcement des normes de sécurités peut être, selon lui, lissé et permettre de maintenir des tarifs inférieurs à ceux de nos voisins. Autre priorité, le développement des réseaux d’intelligence de gestion déléguée pour compte de tiers ce qui impliquera une « mutation culturelle » du groupe. « Opérateur de service public multilocal », EDF basera cette politique sur deux socles : la recherche, avec un nouveau centre à Saclay, et un « réseau des campus », le premier étant en cours de création en Grande Bretagne et l’autre prévu, près de Saclay, à l’horizon de 2015.