Un capital de confiance à sauvegarder
Publié le 9 janvier 2007Par Charles Milhaud, Président du directoire de la Caisse Nationale des Caisses d’Epargne
Comme celui du banquier, le travail du journaliste économique et financier repose sur un mécanisme simple: celui de la confiance. Le développement de la presse économique au cours des dix prochaines années suppose donc de maintenir et de renforcer la crédibilité des sources d’information existantes.
Alors que l’évolution actuelle des techniques de communication entraîne une inflation constante de l’information disponible, la confiance que le public accorde aux médias économiques traditionnels ne peut en effet que s’affaiblir, de même que la multiplication des canaux de distribution en matière de services financiers peut faire perdre de sa force à la relation traditionnelle entre le banquier et son client. Si elle constitue un défi straté- gique majeur pour la presse écono- mique, une évolution de ce type offre en même temps de remarquables opportunités de renouvellement.
Le premier élément à prendre en compte est évidemment l’expansion prodigieuse de l’information en ligne. La multiplication des données disponibles gratuitement et la possibilité pour les acteurs économiques de communiquer directement sur Internet doivent conduire la presse à repenser son rôle. Grâce à la diversification actuelle des grands médias, y compris télévisuels, cet aggiornamento paraît bien engagé dans notre pays.
Ainsi, pour les dirigeants d’entreprises, les investisseurs et le grand public, la valeur ajoutée du journalisme économique consisterait d’abord à opérer un tri dans la masse des informations diffusées par des intervenants de natures très diverses (gouvernements, entreprises, chercheurs, citoyens) et dont les objectifs sont souvent peu lisibles.
Pour répondre à une demande fortement différenciée de la part des consommateurs d’information, le succès de la presse économique à l’horizon 2015 dépendra également de sa capacité à offrir des réponses de plus en plus adaptées aux besoins individuels. Comme dans tous les secteurs d’activité, les médias économiques doivent en effet tendre vers un produit répon- dant aux attentes propres de leurs clients. Cet objectif d’une “information individualisée” suppose non seulement que les médias élargissent leur offre de contenu sur Internet, mais aussi qu’ils développent des canaux de diffusion plus souples et interactifs, tels que les blogs et les forums. Cette évolution implique probablement un rééquilibrage en faveur de commentateurs et de journalistes mieux identifiés, au détriment des grands titres de la presse économique.
Conséquence nécessaire de cette double évolution, l’avenir du journa- lisme économique et financier repose plus que jamais sur l’innovation technique. Les entreprises du secteur bancaire ont donné l’exemple d’une telle modernisation au cours des dernières années, en renouvelant la relation avec leur clientèle grâce aux nouveaux moyens de communication. Toujours ouverte sur le monde de l’entreprise, la presse économique a aujourd’hui les moyens d’adopter de semblables stratégies innovantes. C’est là un enjeu majeur pour la qualité de l’information et le bon fonctionnement de l’économie. En effet, l’information façonne la vision des décideurs, des investisseurs et du public ; elle oriente leurs choix et fait évoluer leurs préférences.
Toutes nos entreprises sont donc concernées par son avenir.