« Quelles priorités économiques et financières pour l’après-Obama ? » Les réponses de J. Smallhoover, président des Democrats Abroad France, et J. Gillespie, président des Republicans Overseas France, mercredi 23 mars
Publié le 14 mars 2016Avec Joseph Smallhoover, président des Democrats Abroad France, et James Gillespie, président des Republicans Overseas France
- Les Démocrates veulent s’attaquer aux inégalités et à la fraude fiscale
- Les Républicains prônent la simplification de l’édifice économique
Alors que se poursuivent les élections – très disputées – des primaires des partis Démocrate et Républicain destinées à désigner le candidat de chaque parti aux conventions de l’été, en vue de la présidentielle de novembre, les représentants en France des deux formations politiques sont venus exposer les priorités économiques et financières de chaque camp.
Pour Joseph Smallhoover, représentant des Démocrates en France, il existe un point commun sur le plan économique et social entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, à savoir la nécessité d’aider la classe moyenne américaine à retrouver un pouvoir d’achat qu’elle a perdu petit à petit. D’où la promesse d’un salaire minimum à 12 dollars de l’heure pour Clinton et à 15 dollars, pour Sanders. Tous deux préconisent des baisses d’impôts pour les classes moyennes et un relèvement des barèmes pour les plus riches, Sanders étant plus offensif sur ce point, de même que sur les hauts salaires alors que Hillary Clinton apparaît plus en retrait, tout en promettant des nouvelles règles pour les plus-values boursières.
Tous deux veulent aussi limiter les dépenses liées à l’enseignement supérieur, qui peuvent atteindre 60 000 dollars par an pour les universités les plus prestigieuses, Bernie Sanders allant jusqu’à envisager la gratuité dans certains cas, ce qui lui a valu les suffrages d’une bonne partie de la jeunesse américaine, souligne Joseph Smallhoover. Ils se rejoignent également sur la volonté de régulariser les quelque 11 millions de sans-papiers présents dans le pays. Ils s’opposent en revanche sur le Partenariat Transatlantique sur le Commerce et l’Investissement. Hillary Clinton voudrait le voir aboutir alors que Bernie Sanders préconise de rompre les négociations des deux cotés de l’Atlantique, voire de remettre en question l’ALENA signé en 1994 avec le Mexique et le Canada.
Pour James Gillespie, président des Républicains en France, parler au nom du Grand Old Party est une tâche difficile compte tenu du nombre plus important de candidats à l’investiture et du rôle majeur que joue Donald Trump. De ce fait, explique-t-il, il ne faut pas espérer avoir un programme unifié du parti républicain avant le mois de juillet. Même si le businessman Donald Trump affiche des positions plus tranchées que ses concurrents dans bien des domaines, tous se rejoignent sur un socle commun fait de simplifications destinées à améliorer la situation de la classe moyenne américaine et d’un retour au principe de défense des intérêts des Etats-Unis sur la scène internationale, diplomatique et économique.
L’effort de simplification vaut dans tous les domaines susceptibles d’encourager le développement économique du pays, à commencer par la fiscalité. Certes, le candidat conservateur Ted Cruz prône une « flat tax », à savoir l’impôt unique. Mais le parti « ne cherche plus tant à réduire l’impôt » comme l’avait fait Ronald Reagan en 1970 que de simplifier un système devenu si complexe que « seuls les riches peuvent en profiter ». Au plan des traitées et des échanges internationaux, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a finalement été victime de son succès, estime James Gillespie qui a travaillé sur les négociations de Doha. Après avoir négocié sur les sujets « les plus simples » -une réduction des droits de douane- il a fallu aborder des thèmes plus compliqués et sujets à plus de polémiques comme des normes touchant à des problèmes de santé. Il reste, estime James Gillespie qu’une grande partie des Américains se sent frustrée. Pour ne pas avoir ressenti, notamment en terme d’emplois, les effets des accords de libre-échange, les Américains demandent à ce que certains aspects en soient revus, sans remettre en cause le principe de libre circulation des biens.
Un point de divergence profond entre les deux partis réside dans l’accord de Paris sur le climat, la COP 21, sur lequel les Démocrates continuent à défendre la position prise par le président Obama, à savoir un accord global sur les engagements pris, alors que les Républicains demeurent hostiles à nombre de ses conséquences, à commencer par le recours aux énergies renouvelables et aux subventions publiques qu’il implique.
Sur tous ces sujets, beaucoup dépendra des résultats de la Convention de l’été. Pour les Républicains notamment, qui, pour la première fois depuis 1976, pourraient ne pas permettre à Donald Trump, d’obtenir la majorité absolue de 56% des délégués exigée dès le premier tour. Dans ce cas de « convention négociée », les délégués deviennent libres de voter pour qui ils veulent, y compris pour un candidat n’ayant pas concouru lors des primaires. Beaucoup dépendra, surtout, du résultat de la présidentielle de novembre mais au moins autant de la coloration politique de la majorité issue des élections au Sénat et à la Chambre des représentants qui interviendront, pour partie, lors du même scrutin et également lors du « mid term » ou mi-mandat, après les deux premières années du futur ou de la future président(e).
S.M.