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L’Association des Journalistes Economiques et Financiers (Ajef) s’indigne du verdict du procès « LuxLeaks » et réaffirme son ferme soutien aux lanceurs d’alerte

 

Le 29 juin 2016, la 12ème chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a rendu son jugement dans le procès dit « LuxLeaks ». Antoine Deltour et Raphaël Halet, deux anciens collaborateurs du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) qui est à l’origine de la plainte, ont été condamnés respectivement à 12 mois de prison avec sursis et à une amende de 1500 euros pour le premier, et à 9 mois de prison avec sursis et à une amende de 1000 euros pour le second. Le journaliste Edouard Perrin a été acquitté.

Antoine Deltour et Raphaël Halet ont été reconnus coupables de « vol, violation du secret professionnel et du secret des affaires » et de « fraude informatique et divulgation du secret des affaires ». Quant à Edouard Perrin, journaliste à « Cash Investigation », l’émission télévisée qui avait révélé l’affaire, il était poursuivi pour « complicité de violation du secret des affaires et du secret professionnel ».

A la lecture de ce verdict, et indépendamment de la procédure d’appel déposée par Antoine Deltour, l’Ajef s’indigne de ce jugement et des condamnations qui frappent ces lanceurs d’alerte. Elles portent gravement atteinte à la liberté d’enquêter et au secret des sources, deux domaines sur lesquels notre association s’est fortement mobilisée depuis plusieurs années au fur et à mesure que s’aggravaient les menaces et contraintes sur le devoir d’informer, surtout quand il s’agit de dénoncer des pratiques délictueuses. A cet égard le jugement rendu est proprement ahurissant – et lourd de conséquences – quand il stipule que « la liberté d’expression journalistique » ne doit pas primer sur le respect du « secret professionnel » même dans le cas où les personnes incriminées seraient le témoin de « pratiques douteuses ».

Il s’agit là d’un déni particulièrement grave, celui de la défense de l’intérêt général, de l’intérêt public, dangereusement menacés et qu’il convient au contraire de préserver, face à des intérêts économiques et financiers chaque jour plus puissants. Et parfois prédateurs lorsqu’il s’agit de s’affranchir de règles fiscales comme on a pu le voir à propos d’une autre affaire, celle dite des « Panama Papers » où, là aussi, des lanceurs d’alerte ont mis à jour et révélé nombre de « pratiques douteuses », d’une dimension sans précédent, que des journalistes se sont fait un devoir de vérifier, trier et révéler au grand public.

L’Ajef assure Antoine Deltour, Raphaël Halet et leur confrère Edouard Perrin de son ferme soutien au regard de ces condamnations qui frappent des salariés soucieux de justice et d’équité et qui, à ce jour, bénéficient d’une protection juridique insuffisante. Une lacune qui a conduit certains gouvernements, notamment en France avec la loi Sapin 2, actuellement débattue au Sénat, à mieux reconnaitre le rôle citoyen salutaire des lanceurs d’alerte, ce dont on peut se féliciter.

Le Bureau de l’Ajef

Pour nous contacter : ajefassociation@gmail.com

Lauréats du concours de commentaires Génération + d’Economie

  • Dans la catégorie « lycéen individuel » : Lucas Rouillard, lauréat pour son commentaire sur l’ouvrage Les clefs de la puissance de Jean-Louis Biffa ; Roxanne Pikulas, 1ère finaliste pour son commentaire portant sur le débat  « Faut-il casser le code du travail ? » ; Lisa Godefroy, 2ème finaliste pour son commentaire portant sur le sondage Ipsos « Les français et le travail »
  • Dans la catégorie « étudiant individuel » : Simon Holley, lauréat pour son commentaire sur le thème de la Journée « La valeur du travail »
  • Dans la catégorie « collectif » : Charlotte Combier, Marin Etienvre et Mathias Baudry, lauréats pour leur commentaire sur l’ouvrage Les clefs de la puissance de Jean-Louis Beffa

Le jury était composé de Yann Algan, directeur de l’Ecole d’Affaires Publiques de Sciences Po Paris, Max Armanet, président de Forum-Media, Françoise Crouïgneau, vice-présidente de l’Ajef, Etienne Diot, conseiller au cabinet de Valérie Pécresse, Catherine Ferrant, déléguée générale de la fondation Total, Éléonore de Lacharrière, déléguée générale de la Fondation Culture et Diversité, Pierre-Henri de Menthon, directeur délégué de Challenges, Pascal Morand, directeur général adjoint CCI Paris, Luce Perrot, présidente de Lire l’Economie, et d’Annick Steta, chercheur associé au CEREFIGE.

Remise du Prix de l’Initiative européenne 2016

Fruit de la collaboration entre la Maison de l’Europe de Paris et le Club de la presse européenne, le Prix de l’initiative européenne a été décerné le mardi 14 juin à la Maison de l’Europe de Paris aux lauréats suivants :

  • Christophe Ayad, membre du projet des Panama Papers, journaliste au journal Le Monde
  • Franck Bourgeron, rédacteur en chef de La Revue Dessinée
  • Daniel Cohn-Bendit pour son activité journalistique
  • France Télévisions, représenté par Jérôme Cathala, directeur de l’International

Ce prix est attribué chaque année à des journalistes ou à des médias qui se sont fait remarqués par la qualité et l’originalité de leurs informations et de leurs commentaires sur l’Europe.

« Quel avenir pour la SNCF face à la concurrence et à un climat social dégradé ? », avec Guillaume Pepy, PDG de la SNCF, mercredi 22 juin (voir le compte-rendu)

Difficile d’évaluer avec exactitude le coût des 23 jours de grèves qui ont émaillé le printemps 2016 dont 15 jours en juin. Mais, pour le président de la SNCF, le cumul des pertes de trafic, les remboursements d’abonnements et les pénalités dues aux régions dépassera certainement les 250 millions d’euros pour la branche Mobilités (trains de voyageurs et de marchandises) et 60 millions pour la banche Réseau, en termes de péages non perçus. Un revers financier qui ne doit pas masquer quelques sujets de satisfaction. Jusqu’à présent, et en dépit des mouvements de contestation autour de la loi travail, la SNCF, transporteur national de l’Euro de football 2016, a réalisé un « quasi sans faute » selon Guillaume Pepy: un seul retard a été enregistré sur l’un des 650 TGV affrétés pour assurer le transport de 1,5 millions de personnes vers les stades où se déroulaient 32 matches sur 49, sans oublier l’acheminement de 2 millions de supporters vers les fan zones.

Ce satisfecit sportif n’empêchera pas le groupe de devoir reconquérir ses clients après des journées noires. Et devrait le pousser à redoubler d’efforts pour anticiper l’avenir, se préparer à l’ouverture à la concurrence, jouer sur le numérique et le low cost, bref, « réinventer le chemin de fer ». Une stratégie qui devra tenir compte de la nécessité de moderniser les réseaux – ce qui prendra encore 10 à 15 ans car « on a sous-estimé la durée des travaux à effectuer » – et des contraintes d’un lourd endettement de SNCF Réseau (environ 40 milliards d’euros) qui a poussé le gouvernement à élaborer une « règle d’or » pour le plafonner. Ce plafond « sans doute » en pourcentage du chiffre d’affaires et non en valeur absolue, sera fixé par décret dans les semaines à venir. Au-delà, le financement de tout nouvel investissement devra être assuré ce qui impliquera des choix.

Compte tenu de ce cadre institutionnel – « c’est la loi »- et de l’ouverture à la concurrence décidée par l’Union européenne, le Président de la SNCF entend s’attaquer à de sérieux chantiers. Le premier est d’améliorer l’efficacité industrielle du groupe et de « remettre à plat l’organisation du travail » ; le deuxième vise à utiliser à plein les gains de productivité qu’offre le numérique : baisser les coûts de maintenance jusqu’à 30%, connecter les gares, les réseaux, et…ne pas se laisser déborder par un géant comme Google qui pourrait, si l’on y prend garde, créer un « Google rail » ce qui a poussé la SNCF à créer une application « ID pass » pour que les usagers gèrent leurs transports TGV ou leur location de voiture à partir de leur smartphone ; autre chantier d’importance, réduire les frais de structures de 500 millions d’euro sur 3 à 4 ans -la baisse du nombre des régions allègera notamment les frais de fonctionnement ; décloisonner des métiers qui multiplient les passages de témoin et pénalisent les clients ; le chantier commercial, enfin, ne s’annonce pas des moindres, Guillaume Pépy avouant être « obsédé par le low cost ».

Il s’agit, pour lui, de répondre à la demande des clients qui veulent « des prix, de la simplicité, la fluidité » et de rendre plus difficile le positionnement des futurs concurrents de la SNCF en France. Les « Oui » – « Ouigo » pour les TGV, « Ouibus ou « Ouicar- ont été lancés dans ce but. Cette gamme pourrait être étendue aux trains intercités. Il n’est pas question de connaitre les déboires d’Air France qui n’a pas anticipé la montée en puissance des low cost et voir un jour un « Easyjet du rail » balayer la SNCF. Pour se préparer à la concurrence annoncée par l’Union européenne sur le terrain de jeu français, le président de la SNCF entend également anticiper. Sans attendre fin 2019 pour les lignes régionales comme les TER et Transiliens ou fin 2021 pour les TGV, des expériences seront lancées, durant la période 2017-18 pour mieux évaluer ce que la concurrence va apporter aux consommateurs ou le type de régulation à envisager. En d’autres termes, il faudra tirer les leçons de l’« échec » du fret, qui a abandonné, du jour au lendemain, sa position de monopole en France, au printemps 2007.

Autant dire que ces multiples défis auront des répercussions en termes d’emploi. Guillaume Pepy reconnait que poursuivre sur la lancée de la SNCF qui, depuis 1945, augmente de 2% la productivité du groupe en supprimant 2300 à 3000 postes par an est de plus en plus difficile et exige d’être de plus en plus innovant. Mais grâce à la pyramide des âges et au départ à la retraite de quelque 8 000 « baby boomers », le Groupe peut embaucher 5 000 à 5 000 personnes chaque année. Résultat, « 30% des cheminots sont depuis moins de 10 ans » dans l’entreprise.

Reste un sujet dont on parle insuffisamment, regrette le président de la SNCF : la percée à l’international du Groupe qui réalise 33% de son chiffre d’affaires hors de l’Hexagone, grâce à sa présence dans plus de 120 pays. Il vise à porter cette proportion à 50% dont 25% hors d’Europe à l’horizon 2025. Bref, à conforter un titre de « champion français à l’international » souvent méconnu.

FC

Retrouvez ici les documents de la SNCF remis aux journalistes présents sur l’impact des grèves en 2016, ainsi que sur les enjeux et perspectives des mois à venir.

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« Les recettes du Medef pour réduire le chômage et accélérer la croissance », avec Pierre Gattaz, président du Medef, mardi 31 mai

  • Conflits sociaux : « Il faut mettre un terme aux actes illégaux »
  • Chômage : « On peut créer 2 millions d’emplois en faisant sauter les verrous »
  • Gouvernance : « Je ferai un seul mandat à la tête du MEDEF »

Invité au plus fort des remous sociaux dirigés contre la loi El Khomri réformant le droit du travail, le patron du MEDEF n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre des centrales syndicales les plus en flèche dans le conflit et notamment la CGT qui, selon lui, procède par « intimidations et fait régner la terreur ». Interrogé sur la possibilité de renégocier l’article 2 de la loi relatif à l’inversion des normes, Pierre Gattaz considère qu’on « ne négocie pas sous la menace », affirmant qu’ « il faut mettre un terme aux actes illégaux » qui mettent en danger la vie des entreprises et compromettent le redressement de l’économie. « Nous avons rendez-vous avec l’Histoire », a-t-il déclaré. « Tenez bon et faites respecter l’état de droit » a-t-il ajouté à l’adresse du chef de l’Etat, renouvelant le besoin « d’aller chercher la croissance ». Mettant en avant la faiblesse du taux de marge des entreprises françaises (28% contre 39% en Allemagne) et renouvelant son traditionnel appel à une baisse des charges, le patron du MEDEF a exigé une nouvelle fois la simplification des lois régissant le marché du travail et un effort particulier en direction des PME qui créent de l’emploi.

A ce sujet, tout en prenant acte de l’amélioration constatée, ces deux derniers mois, sur le front du chômage qu’il impute en partie aux effets positifs du CICE et du pacte de responsabilité, Pierre Gattaz a affirmé qu’il était tout à fait possible de faire baisser de 10% à 5% le taux des demandeurs d’emploi et de créer 2 millions de jobs (le double de ce qu’il promettait il y a quelques mois lorsqu’il arborait son fameux Pins). A condition de « faire sauter les verrous » qui freinent la liberté d’embaucher : les seuils sociaux, l’interdiction de travailler le dimanche qui demeure dans certains secteurs…Dans cet esprit, il faut « aller jusqu’au bout de la loi El Khomri » a-t-il indiqué, réaffirmant son soutien à l’inversion des normes prévu dans le texte et excluant fermement l’idée du mandatement syndical qui pénaliserait surtout les petites et moyennes entreprises.

Interrogé sur l’éventualité de solliciter le renouvellement de son mandat à la tête de l’organisation patronale où il a été élu pour 5 ans en 2013, Pierre Gattaz a été catégorique. « Contrairement à d’autres, je tiens mes promesses de campagne et je ferai un seul mandat à la tête du MEDEF », a-t-il martelé. « Je ne veux pas devenir un apparatchik », a ajouté Pierre Gattaz, disant qu’il ne tenait aucun compte des noms qui, déjà, circuleraient à propos de sa succession. Il a indiqué préféré s’en tenir à réaffirmer sa pugnacité dans le climat social actuel et rendre plus solennel son appel à la fermeté du chef de l’Etat. Eludant au passage toute velléité de rappel historique avec le différend qui, il y a plus de 30 ans, avait pu opposer son père, Yvon Gattaz, alors président du CNPF, au président Mitterrand. « Chacun son François… » a-t-il conclu.

S.M.

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« Comment lutter contre la corruption, une plaie coûteuse pour l’économie et la crédibilité de ses principaux acteurs ? », avec Nicola Bonucci, directeur des Affaires juridiques de l’OCDE, et Patrick Moulette, chef de la Division anti-corruption à l’OCDE, le mardi 7 juin à 12H30 *

Chaque année, des sommes importantes sont dilapidées en pots-de-vin versés à des agents publics étrangers en contrepartie d’avantages commerciaux. Au-delà des simples chiffres, la corruption perturbe les règles de concurrence et des marchés publics, favorise d’autres formes de criminalité, affecte l’allocation des ressources publiques et rompt le lien de confiance entre les citoyens et les autorités publiques.

Signataire de la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption entrée en vigueur en 1999, pour laquelle elle a fortement œuvré, la France est déterminée à renforcer ses moyens de lutte contre la corruption avec le projet de loi dit « Sapin II » en discussion dans les prochains jours au Parlement.

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Pause et réflexion avant un nouveau départ. Après onze années de débats passionnants, il est temps de renouveler cette formule interactive pour tenir compte des besoins de la société civile tout en tirant parti des possibilités du numérique.

A ceux qui nous interrogent sur les prochains Amphis de l’AJEF, sachez que cette année sera consacrée à une réflexion avant un nouveau départ.

Après onze années de débats passionnants, il nous a semblé qu’il fallait renouveler cette formule interactive pour tenir compte des besoins des lycéens, des étudiants, des enseignants et d’un public très divers tout en tirant parti des possibilités du  numérique.

Merci à tous nos conférenciers, qui, au fil des années, ont su apporter des éléments d’expertise et de réflexion sur les problèmes qui sont au cœur des préoccupations des citoyens -et pas seulement de l’homo economicus-. Ce fut encore le cas durant le cycle 2015-16, avec une série de conférences consacrées à l’emploi et au travail avec des intervenants de haut niveau.
Merci également à tous ceux qui, au Cnam, puis à la Sorbonne, et enfin au lycée Louis-le-Grand, ont fait confiance à l’Ajef et sont venus nombreux écouter et débattre avec les conférenciers lors de ces Amphis.

Nous vous tiendrons, bien sûr, au courant du développement de nos projets.

Le bureau de l’Ajef


					
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« Un défi à relever d’urgence : renforcer la productivité tout en veillant à ce que les fruits de la croissance économique soient partagés par tous », avec Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, mardi 24 mai

  • Croissance faible, chômage, inégalités, perte de confiance des opinions publiques: l’héritage de la crise reste lourd
  • Conjuguer hausse de la productivité et bien être de chacun implique d’innover en matière d’éducation, de santé, d’emplois
  • Il faut augmenter de 0,5% les investissements dans les projets ayant des effets multiplicateurs comme les infrastructures

Le constat dressé par le secrétaire général de l’OCDE est préoccupant : la croissance mondiale ne dépassera guère 3% cette année alors qu’elle était de 4% il y a huit ans, avant que n’éclate la crise; le chômage reste élevé; un temps les locomotives de l’économie mondiale, les pays émergents voient leur croissance ralentir lorsqu’ils ne sont pas, comme le Brésil ou la Russie, en récession. Le commerce international qui devrait augmenter à un rythme de 7% ne progresse que de 3% et les investissements, deux fois moins élevés que ce qu’ils devraient être, n’ont toujours pas rattrapé leur niveau d’avant la crise. Une crise dont « l’héritage est encore aujourd’hui lourd pour la croissance, le chômage, les inégalités et la perte de confiance des opinions publiques dans les institutions, les politiques, les banques » s’inquiète le secrétaire général pour qui « tout ce qu’on a bâti durant 100 ans » semble remis en cause.

Comment inverser la tendance et augmenter une productivité dont l’augmentation reste faible -0,7% l’an entre 2008 et 2015 contre1,7% entre 2000 et 2007- en évitant le double piège de licenciements massifs et d’une « redistribution d’un gâteau qui n’augmente pas » ? Des pistes de réponses seront recherchées lors du Forum et de la ministérielle de l’OCDE du 31 mai au 2 juin 2016 dont le thème majeur estla quête d’une « productivité et croissance inclusive ». Une terminologie « délicieusement provocatrice » reconnait Angel Gurria qui rappelle aux sceptiques que lorsque l’OCDE s’est lancée dans la promotion d’une « croissance verte », désormais entrée dans tous les esprits, l’Organisation s’était heurtée aux critiques de ceux qui ne voyaient pas comment conjuguer les contraintes de la croissance et de l’environnement. Cette fois-ci, il s’agit de trouver les moyens de renforcer la productivité pour doper la croissance sans mettre à mal ce qui constitue le bien être de chacun, l’éducation, la santé, l’emploi.

Un exemple: comment profiter des atouts du numérique qui, avec la robotisation, pourrait menacer 9% des emplois selon les dernières études de l’Organisation -et non 47% comme certains experts l’ont affirmé- ? La réponse est claire pour le secrétaire général : « la compétence » autrement dit, l’éducation, la formation –« sans réinventer la roue, mais en réallouant les crédits formation »- et l’innovation, donc les investissements. Comme 8 années de consolidation budgétaire et de supervision des banques ont rendu le système financier plus stable, il existe aujourd’hui « un espace pour investir plus dans des projets ayant des effets multiplicateurs ». Aussi Angel Gurria lance un appel pour que soient augmentés de 0,5% les investissements dans ce type de projets, « idéalement dans les infrastructures ». Un appel à une hausse des dépenses publiques qui s’adresse au premier chef aux pays qui, comme l’Allemagne, disposent d’une marge de manœuvre budgétaire. Mais pas uniquement. Car de telles dépenses publiques, si elles augmenteront légèrement la dette publique, au début, enclencheront une plus forte croissance au bout de 2 à 3 ans et aboutiront à une réduction du ratio dette sur pib.

Un appel qui n’empêche nullement que des réformes soient menées à bien jusque dans les grands pays qui, tels l’Allemagne et la France, n’ont pas été malmenés par les marchés financiers contrairement à l’Irlande, le Portugal, l’Italie, la Grèce. Et n’ont pas ressenti l’urgence de devoir s’adapter à de nouvelles réalités. Sur ce terrain, Angel Gurria salue la réforme du marché du travail française « qui rend plus claires les conditions de licenciement économique». S’il reconnait que « la diminution du chômage ne sera que graduelle », il rappelle qu’après avoir entériné de difficiles mesures d’assouplissement du marché du travail, l’Italie, par exemple, en touche les fruits et a pu créer 2 millions d’emplois. Bref, en dépit des réticences au changement, il faut accepter d’évoluer.

F.C.

Retrouvez en cliquant ici les précédents petits-déjeuners.

Les lauréats des Prix du Meilleur Article Financier 2016 Banque de France, créé par Lire l’Economie en partenariat avec l’Ajef

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Philippe Escande, dans la catégorie Journalistes confirmés, pour son article : Les fantômes de Bretton Woods, paru en juillet 2015 dans Le Monde Eco & Entreprises.

Jérémy Perraud, dans la catégorie Jeunes Journalistes, pour son article : Bel Maille : les dessous d’une liquidation bien préparée, paru en novembre 2015 dans Le Progrès, édition de Roanne.

Au nom de la Banque de France, Marc-Olivier Strauss-Kahn, directeur général des Etudes et des Relations internationales, accompagné des membres du jury*, a remis ces prix le jeudi 12 mai 2016 à la Banque de France.

Le Prix du Meilleur Article Financier créé en 2010 par Luce Perrot, présidente de Lire l’Economie, en partenariat avec l’Ajef et la Banque de France, a pour but de mettre en valeur et de récompenser le travail des journalistes, permettant aux citoyens de mieux appréhender les sphères économiques et financières, jugées souvent comme lointaines et difficiles à comprendre.

Membres du Jury* (par ordre alphabétique) : Yann Algan, Agnès Bénassy-Quéré, Philippe Chalmin, Annie Cot, François de Coustin, Françoise Crouïgneau, Gabrielle Demange, Marc Ivaldi, Anne Le Lorier, Serge Marti, Olivier Pastré, Luce Perrot, Alain-Gérard Slama et Marc-Olivier Strauss-Kahn.