C’est une tradition avec laquelle Eric Lombard a souhaité renouer. Le mardi 28 janvier 2025, le Ministre de l’Economie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique a prononcé ses voeux aux journalistes de l’AJEF. Les discours d’Eric Lombard et Emmanuel Cugny ont été suivis d’un riche échange d’une heure où les journalistes ont pu poser toutes leurs questions “on the record”. Retour sur les discours prononcés à Bercy.
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Voeux 2025 de Monsieur le ministre Eric Lombard, Ministre de l’Economie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique
Monsieur le président de l’Association des Journalistes Economiques et Financiers [AJEF], cher Emmanuel Cugny, Mesdames et Messieurs,
Je suis ravi de vous retrouver pour ce moment traditionnel des vœux à la presse. Moment qui prend une importance toute particulière puisque voilà à peine plus d’un mois que j’ai pris mes fonctions, pour lesquelles je remercie le PM et le PR. Moment également décisif pour notre pays puisque nous sommes sans budget depuis le vote de la censure en décembre dernier. Moment crucial enfin, au vu du contexte géopolitique et politique que vous connaissez, des conflits ouverts au Moyen-Orient ou en Europe, ou plus larvés comme la guerre commerciale qui semble s’annoncer.
Vous avez connu trois ministres de l’économie au cours de l’année 2024. Je fais tout depuis ma nomination pour m’assurer que l’année 2025 soit celle d’un retour à la stabilité, qui permette de rassurer les Français et de restaurer la confiance. Là réside tout l’esprit de ma mission ici, restaurer la confiance des ménages français, restaurer la confiance des entreprises européennes, restaurer la confiance des investisseurs internationaux.
C’est dans cet esprit de responsabilité et de rétablissement d’une confiance réciproque que j’ai reçu 17 groupes politiques et parlementaires, ici même, en compagnie de la ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin. Nous avons pu partager de vraies négociations dans l’optique du vote du budget, c’est-à-dire non pas une confrontation de lignes rouges, mais un échange de priorités et leur articulation. Ma double priorité à ce titre c’est d’obtenir un budget qui ne soit pas sujet à la censure, et un budget qui permette le redressement de nos finances publiques. Cette trajectoire de désendettement que l’Europe a validé la semaine dernière nous permet de maintenir notre objectif impératif de faire passer notre déficit sous la barre des 3% de PIB en 2029. Ce budget comporte une part substantielle d’efforts, et notamment de réductions de dépenses sur lesquelles nous pourrons revenir, mais s’est refusé à faire porter la part majeure de l’effort sur les épaules des entreprises et des ménages. Une fois le pays pourvu d’un budget, nous pourrons nous atteler à une réflexion plus structurelle sur nos finances publiques et les réformes qu’elles supposent.
Mais l’année 2025 sera aussi celle de la mise en œuvre d’un agenda d’attractivité, qui reposera sur la simplification de notre vie économique, que nous pousserons également à l’échelle européenne. Nous poursuivrons et amplifierons notre soutien à l’innovation et à l’investissement, au profit du numérique et de l’industrie durable notamment. Enfin, nous consoliderons notre souveraineté économique en réaffirmant le rôle stratège de l’Etat actionnaire. Là encore, ces efforts seront portés à l’échelle Européenne, pour répondre au diagnostic si bien porté par Mario Draghi. Notre modèle de croissance devra être indissociablement lié à une ambition environnementale forte. J’ai veillé à cette croissance durable dans mes fonctions passées, je continuerai à y œuvrer, d’autant que la France y possède des avantages que tous nos concurrents nous envient, à commencer par l’énergie nucléaire. En vous renouvelant mes vœux pour l’année 2025 qui s’ouvre, dont je sais qu’elle sera aussi palpitante et exigeante pour vous, j’y associe mon équipe ministérielle de Bercy : Madame la ministre chargée des comptes publics,
Amélie de Montchalin, Monsieur le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, Marc Ferracci, Madame la ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des PME et de l’économie sociale et solidaire, Véronique Louwagie, Madame la ministre déléguée chargée de l’intelligence artificielle et du numérique, Clara Chappaz et Madame la ministre déléguée chargée du tourisme, chère Nathalie Delattre.
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Voeux 2025 d’Emmanuel Cugny, président de l’Ajef
Monsieur le ministre,
Monsieur le directeur de cabinet,
Mesdames, Messieurs les conseillers,
Chères consoeurs, chers confrères…
Permettez-moi, Monsieur le ministre, au nom de l’Association des Journalistes Économiques et Financiers, de vous remercier pour avoir renoué avec la tradition des vœux en nous accueillant en votre maison. Une tradition qui permet au président de l’Ajef de vous adresser quelques mots, ainsi qu’à vos collaborateurs et les personnels des administrations de Bercy avec qui nous sommes en contact et travaillons quotidiennement.
Une tradition qui peut paraître désuète dans « le Nouveau Monde » – conceptualisé il fut un temps par le président de la République –, tradition qui apparaît toutefois comme un moment utile, un lien qui nous réunit pratiquement tous (ce qui est plutôt rare, de telle manière, dans le courant l’année), qui permet de se retrouver, d’échanger, se réconforter aussi, de manière confraternelle, quand certaines périodes sont plus difficiles à traverser que d’autres dans des réactions parfois touchées, échaudées, par des impératifs budgétaires qui, si nous laissons faire et ne luttons pas, vire à la paupérisation de notre travail.
Loin de moi l’idée d’enlever à ce moment privilégié son aspect convivial (nous allons pouvoir discuter avec vous) mais je voudrais avoir une pensée et saluer nos collègues, consoeurs et confrères, tous médias confondus, parfois inquiétés, voire agressés, dans l’exercice de leur profession, sur le terrain, dans les tribunaux ou, de plus en plus, dans certains discours politiques allant jusqu’à nous traiter d’ « abrutis », de « menteurs » ou de « tricheurs ». « Pourrissez-les partout où vous pouvez », avait même incité à notre endroit il y a quelques années l’un de ces politiques dont je tairai le nom.
Pardon d’insister sur ce point, car le pire est toujours possible. D’évidence, nous ne partageons pas la même vision de l’Humanisme. Quand une institution est attaquée, ce sont la République et la démocratie qui sont violées. Quand la presse est attaquée, c’est la Liberté qui est en danger.
Dans ce contexte il nous faut rester imperturbables… notre devoir de journalistes est de pousser le débat avec l’expertise et la déontologie qui nous sont propres. Plus que jamais, notamment à l’heure des fake news dévastatrices qui prolifèrent, nous devons veiller, de manière plus insistante encore, à la rigueur de notre travail.
Vigilants nous devons être également – et nous le resterons – face à des lois qui, sous prétexte de protéger le secret des affaires, remettraient en question le droit d’investiguer, d’enquêter… d’informer, tout simplement. De précédentes tentatives ont échoués mais nous ne savons jamais de quoi est fait le lendemain… comptez VRAIMENT sur notre vigilance.
Enfin, l’une des vertus des différentes crises financières que le monde a connues ces dernières années (et par ricochets l’Europe) est d’avoir incité les français à s’intéresser à la « chose » économique : comprendre comment ça marche ! Et la crise politique, sociale, sociétale que nous traversons, nous impose d’apporter les bonnes réponses aux questions légitimes de nos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, et internautes : donner les clefs pour comprendre ce monde de plus en plus compliqué… pour tenter également de comprendre une Europe bien mal en point avec la poussée des populismes… une Europe pourtant indispensable – peut-être plus que jamais – face aux Etats-Unis et la Chine.
Il nous faut mieux structurer le débat économique et social aujourd’hui en France. C’est ce à quoi s’attache l’AJEF à travers ses différentes activités :
– Les traditionnels petits déjeuners réguliers avec des dirigeants du monde économique et politique, auxquels vous avez récemment participé, Monsieur le Ministre dans une autre vie pas si ancienne…
– Les Ateliers de Bercy (je remercie encore une fois tous les personnels avec qui nous organisons ces réunions de décryptage factuels de points précis de l’actualité économique et financière ; merci aux équipes du SIRCOM (service de communication)
… pour ne citer que ces deux courts exemples.
Tous ces travaux demandent du temps, de l’énergie et des moyens. Merci aux membres du Bureau de l’AJEF qui m’épaulent dans cette tache passionnante… merci aux journalistes adhérentes et adhérents, cotisants, sans qui l’AJEF n’existerait pas et ne pourrait fonctionner.
Vous l’aurez compris, Monsieur le ministre : l’AJEF est au service des professionnels de l’information mais également du grand public, dont on dénonce parfois le manque de culture économique, négligeant trop souvent le solide bon sens dont il sait aussi faire preuve.
Les Français, les citoyens, que nous informons, aimeraient y voir plus clair sur la voie économique que vous êtes en train de tracer pour les mois et les prochaines années. Faut-il plus d’Etat ou de « libéralisme » ?… Comment rendre l’économie française compétitive, plus productive, non confiscatoire, et lui redonner sa souveraineté, notamment industrielle ?!!
“Le pays n’a pas de budget, pas de majorité. Si on le laisse aller, le pays s’enfonce dans la division” , déclarait hier soir le PM, François Bayrou, sur LCI.
Quelles sont vos réponses et vos ambitions ??? C’est sur cette question que je conclurai mon propos en vous souhaitant, Monsieur le Ministre, à vous toutes et tous ici présents, au nom de l’AJEF, une grande, belle et heureuse année… Courage… Meilleurs Vœux à tous !!!
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Photos de l’évènement par @Hamilton2oliveira