Retrouvez le compte-rendu du petit déjeuner AJEF avec le président du directoire de Vallourec, Philippe Crouzet : « Nous restons en phase d’ajustement permanent » . Le pari de Vallourec : les Etats-Unis, le Brésil, et la Chine. Le secteur pétrolier retrouve « une certaine dynamique ».

Publié le 18 septembre 2017

Petit déjeuner Ajef du 13 septembre 2017 avec

            Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec

. « Nous restons en phase d’ajustement permanent »

.  Le pari de Vallourec: Les Etats-Unis où le moteur pétrolier « est reparti à fond », le Brésil où Petrobras n’a plus le monopole et la Chine « assoiffée d’énergie »

. Le secteur pétrolier retrouve « une certaine dynamique »

   Malmené depuis trois ans par les conséquences de la grave crise que vivent l’industrie pétrolière et gazière, notamment par le niveau peu élevé du cours du brut, Vallourec commence à engranger les bénéfices du plan de restructuration lancé en février 2016, mais le groupe, demeure « en phase d’ajustement permanent », a indiqué son président du directoire, Philippe Crouzet. Leader mondial pour la fabrication de solutions tubulaires, à savoir des tubes sans soudure destinés aux secteurs de  l’énergie et de l’industrie, l’entreprise a pour objectif d’économiser 750 millions d’euros à l’horizon 2020. Elle poursuit un programme d’allègement de coûts qui lui a permis d’afficher un résultat positif pour le second trimestre de l’exercice en cours, poursuivant, en parallèle, des acquisitions permettant de conforter sa rentabilité. Tel le récent rachat d’une société chinoise qui produit 600 000 tubes par an, « à moindre coût qu’en France mais pas à moindre qualité », explique Philippe Crouzet, aux commandes du groupe depuis 2009 après un long passage chez Saint-Gobain. Vallourec, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 3,6 milliards d’euros avec environ 19 000 collaborateurs répartis dans une vingtaine de pays, a procédé à 800 suppressions de postes en France, autant en Allemagne et 150 en Grande-Bretagne.

   Pour ce qui est de l’avenir de l’or noir, Philippe Crouzet considère qu’après avoir grimpé jusqu’à 100 dollars le baril avant de chuter à 30 dollars, sa stabilisation actuelle autour de 45/55 dollars est le signe que le marché retrouve « une certaine dynamique ».  Mais, ajoute-t-il, on constate la persistance d’un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché pétrolier, dû davantage à l’offre alors que la demande continue de croître de 1,5% par an, ce qui correspond à peu près à 1,5 million de barils/jour en plus. La bonne nouvelle vient surtout des Etats-Unis, portée par l’essor du gaz et des huiles de schiste, un marché éclaté entre quelques 2000 acteurs, y compris les « majors » bien sûr. Le secteur pétrolier américain est « un moteur reparti à fond », assure-t-il, ainsi qu’en témoigne le nombre de forages en opération qui demeure autour de 950 alors qu’il avait chuté jusqu’à 400, son point le plus bas, en avril 2016. Encore loin, toutefois, des 1800 forages en opération comptabilisés en 2014. Mais de quoi conforter le pari fait par Vallourec sur les Etats-Unis, le Brésil – indépendamment des aléas politiques du pays « le pire est derrière nous » avec l’ouverture de Petrobras qui ne détient plus de monopole- mais aussi de la Chine, « assoiffée d’énergie » et devenue le plus gros consommateur de pétrole au monde.

   Interrogé sur la transition énergétique dans laquelle s’est engagée la communauté internationale après la COP21 de décembre 2015 à Paris, suivie de la COP22 qui s’est tenue à Marrakech un an plus tard, le président du directoire de Vallourec souscrit aux prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Celles-ci anticipent certes une part croissante des énergies renouvelables dans le « mix énergétique », passant de 19% en 2014, à 25% ou 35% en 2035, mais elles tablent aussi sur le maintien d’une place prépondérante, même diminuée, pour les énergies fossiles. La consommation de charbon, l’énergie la plus polluante, devrait être réduite de 29% actuellement à 16% en 2035 mais la part confondue du pétrole et du gaz devrait simplement baisser de 52% à 48% à l’horizon 2035. A l’intérieur de ce volet, la part du gaz augmenterait même, passant d’environ 21% de nos jours à 25% en 2035, celle du pétrole baissant de 31% à 24% dans une vingtaine d’années. Une évolution qui ira de pair avec le « repositionnement géographique » en cours de la part des acteurs du marché pétrolier, parmi lesquels les Etats-Unis jouent à présent un rôle essentiel, tandis que, du côté des cours du brut, la volonté affichée des pays de l’OPEP de retrouver son rôle initial de cartel afin de réguler les prix mondiaux, contribue à stabiliser un marché jusqu’ici fortement perturbé.

S.M.