« Les recettes du Medef pour réduire le chômage et accélérer la croissance », avec Pierre Gattaz, président du Medef, mardi 31 mai

Publié le 26 mai 2016

Loi Travail, négociations sur l’avenir de l’assurance chômage, pression sociale croissante, salaires des grands patrons, compétitivité et attractivité de la France… la liste est loin d’être exhaustive. Où est donc passé le pins « Million d’emplois » qui fut un temps arboré par le patron des patrons ? Quels sont aujourd’hui les défis à relever et les leviers à actionner pour relancer l’économie française ? Si les cartes sont sur la table, le jeu semble bien compliqué.

  • Conflits sociaux : « Il faut mettre un terme aux actes illégaux »
  • Chômage : « On peut créer 2 millions d’emplois en faisant sauter les verrous »
  • Gouvernance : « Je ferai un seul mandat à la tête du MEDEF »

Invité au plus fort des remous sociaux dirigés contre la loi El Khomri réformant le droit du travail, le patron du MEDEF n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre des centrales syndicales les plus en flèche dans le conflit et notamment la CGT qui, selon lui, procède par « intimidations et fait régner la terreur ». Interrogé sur la possibilité de renégocier l’article 2 de la loi relatif à l’inversion des normes, Pierre Gattaz considère qu’on « ne négocie pas sous la menace », affirmant qu’ « il faut mettre un terme aux actes illégaux » qui mettent en danger la vie des entreprises et compromettent le redressement de l’économie. « Nous avons rendez-vous avec l’Histoire », a-t-il déclaré. « Tenez bon et faites respecter l’état de droit » a-t-il ajouté à l’adresse du chef de l’Etat, renouvelant le besoin « d’aller chercher la croissance ». Mettant en avant la faiblesse du taux de marge des entreprises françaises (28% contre 39% en Allemagne) et renouvelant son traditionnel appel à une baisse des charges, le patron du MEDEF a exigé une nouvelle fois la simplification des lois régissant le marché du travail et un effort particulier en direction des PME qui créent de l’emploi.

A ce sujet, tout en prenant acte de l’amélioration constatée, ces deux derniers mois, sur le front du chômage qu’il impute en partie aux effets positifs du CICE et du pacte de responsabilité, Pierre Gattaz a affirmé qu’il était tout à fait possible de faire baisser de 10% à 5% le taux des demandeurs d’emploi et de créer 2 millions de jobs (le double de ce qu’il promettait il y a quelques mois lorsqu’il arborait son fameux Pins). A condition de « faire sauter les verrous » qui freinent la liberté d’embaucher : les seuils sociaux, l’interdiction de travailler le dimanche qui demeure dans certains secteurs…Dans cet esprit, il faut « aller jusqu’au bout de la loi El Khomri » a-t-il indiqué, réaffirmant son soutien à l’inversion des normes prévu dans le texte et excluant fermement l’idée du mandatement syndical qui pénaliserait surtout les petites et moyennes entreprises.

Interrogé sur l’éventualité de solliciter le renouvellement de son mandat à la tête de l’organisation patronale où il a été élu pour 5 ans en 2013, Pierre Gattaz a été catégorique. « Contrairement à d’autres, je tiens mes promesses de campagne et je ferai un seul mandat à la tête du MEDEF », a-t-il martelé. « Je ne veux pas devenir un apparatchik », a ajouté Pierre Gattaz, disant qu’il ne tenait aucun compte des noms qui, déjà, circuleraient à propos de sa succession. Il a indiqué préféré s’en tenir à réaffirmer sa pugnacité dans le climat social actuel et rendre plus solennel son appel à la fermeté du chef de l’Etat. Eludant au passage toute velléité de rappel historique avec le différend qui, il y a plus de 30 ans, avait pu opposer son père, Yvon Gattaz, alors président du CNPF, au président Mitterrand. « Chacun son François… » a-t-il conclu.

S.M.

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