« Quelles réponses aux incertitudes économiques mondiales? », avec Pascal Lamy, président emeritus de l’Institut Jacques Delors, mercredi 20 avril

Publié le 30 mars 2016

Avec Pascal Lamy, président emeritus de Notre Europe- Institut Jacques Delors et ancien directeur général de l’OMC

 

  • La persistance de taux d’intérêt réels négatifs est une menace pour l’économie mondiale
  • Le projet de traité TAFTA/TTIP ne sera pas conclu rapidement
  • Le modèle européen demeure enviable « pour le reste de la planète »

En dépit d’une croissance mondiale ralentie, les incertitudes ne proviennent pas de la situation de l’économie réelle mais plutôt de la façon dont il faudra sortir de la problématique posée par l’actuelle politique de taux d’intérêt réels négatifs qui semble s’inscrire dans la durée. Avec pour corollaire des liquidités en surabondance et le risque de bulle qui pourrait en découler, estime Pascal Lamy. Dans ce contexte, le supplément de demande adressé à nos économies ne pourra provenir que de l’extérieur, assure le président emeritus de Notre Europe, estimant qu’il revient au FMI de trouver au plus vite des solutions à ce déséquilibre dans la mesure où les marchés ne savent pas à eux seuls « comment éponger ces liquidités ».

Interrogé sur l’évolution du commerce mondial et sur l’action actuelle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’il a pilotée de 2005 à 2009, l’ancien directeur-général de l’organisation genevoise, s’est félicité des accords multilatéraux conclu à Bali sur l’alignement des procédures douanières et à Nairobi sur la fin des subventions agricoles. Quant au projet de traité commercial transatlantique – dit TAFTA ou TTIP – il a estimé que les vives réactions négatives des opinions publiques, notamment en Allemagne mais aussi en France, s’expliquent par une prise en compte insuffisante de la part des négociateurs, d’un nouveau climat « précautionniste, plutôt que protectionniste » qui prévaut actuellement, peu propice à prendre des risques.

Ce projet de traité a comme ingrédients « 20% de vieux monde et 80% de nouveau monde » et on a conduit les premières étapes de la négociation avec une vision focalisée sur « le vieux monde », a-t-il déploré, estimant que « on n’a pas encore atteint le 1er étage », signe que la conclusion d’un éventuel accord n’interviendra pas aussi rapidement qu’escompté, à savoir avant la fin du second mandat de Barack Obama, en novembre prochain.

A propos de l’Europe et des crises auxquelles elle est actuellement confrontée – les migrants, la menace de « Brexit », la montée des populismes et des refus, illustré par la victoire du « non » aux Pays Bas à propos de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine – Pascal Lamy persiste à penser qu’elles seront surmontées. Ne fût-ce que parce qu’elles « obligent à opter pour des solutions européennes ». En dépit de ces difficultés, le modèle européen « demeure enviable pour le reste de la planète », affirme celui qui a été chargé par Manuel Valls d’organiser la candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025.

Il reconnaît cependant, au vu d’une étude à paraître prochainement de l’Institut Jacques Delors, que si le sentiment d’appartenance à l’Union Européenne est resté relativement stable au cours des 10 dernières années au sein des 28 pays-membres, la confiance que les opinions publiques européennes accordent désormais à l’UE pour faire face au défis d’aujourd’hui et demain, a subi un sévère décrochage entre 2005 et 2015. Un constat préoccupant au moment où l’Union aurait pu se féliciter, ces jours-çi, de ses 65 années d’existence depuis la première étape de la construction européenne avec la naissance de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le 18 avril 1951.

S.M.

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